Taxation hauts revenus : la gauche dénonce un "leurre", l'UMP divisée sur le bouclier
La gauche a accueilli avec méfiance l'annonce par le gouvernement d'une taxation des hauts revenus et des revenus du capital pour financer les retraites, tandis que l'UMP se divise sur le fait de savoir si cette mesure va sonner la fin du bouclier fiscal chère à Nicolas Sarkozy.
Révélatrice est à ce titre la réaction en deux temps du porte-parole du PS, Benoît Hamon, au document d'orientation du gouvernement : "Le gouvernement envisage désormais une taxe sur les hauts revenus, enfin!", s'est-il d'abord exclamé sur i-Télé, s'interrogeant sur le niveau de taxation envisagé.
Quelques heures plus tard, M. Hamon qualifiait cette mesure de "leurre" destiné à "faire passer la pilule" de l'allongement de la durée des cotisations.
Le ton était donné. L'ex-candidate PS à la présidentielle Ségolène Royal a redouté elle aussi "un nouveau tour de passe-passe pour endormir les forces sociales".
Le président PS de la commission des Finances, Jérôme Cahuzac, a craint, auprès de l'AFP, un "effet d'annonce" pour "faire croire aux Français que l'effort sera équitablement réparti".
Le PS ne considère pas qu'il a obtenu la fin du bouclier fiscal, mesure emblématique du quinquennat de Nicolas Sarkozy prévoyant que les impôts directs payés par un contribuable, CSG et CRDS comprises, ne peuvent dépasser 50% de ses revenus.
L'annonce du gouvernement représente "un petit pas en arrière, mais de façon marginale", selon M. Cahuzac : "Le bouclier fiscal restera opératoire pour ceux qui ont des hauts revenus. Ils paieront une cotisation supplémentaire mais continueront à percevoir une restitution".
A droite, plusieurs voix ont estimé que le bouclier fiscal, hautement symbolique même s'il ne concerne que quelque 15.000 contribuables, avait bougé.
"Le bouclier n'est pas mort, je dis juste que c'est une entaille et que c'est une entaille qui a du sens", a dit le président des députés UMP Jean-François Copé.
"D'une façon ou d'une autre cela va écorner le bouclier fiscal", a estimé aussi Alain Minc, proche de M. Sarkozy, dans Le Parisien.
"Ce principe de l'application du bouclier a vécu", a poursuivi -pour s'en féliciter- la députée villepiniste Marie-Anne Montchamp. "C'est un empêchement de moins pour plus d'équité. On n'a que trop traîné".
Le député villepiniste Hervé Mariton a estimé qu'il serait "plus transparent, plus honnête" de "faire monter le bouclier fiscal à 52%" plutôt que de taxer les hauts revenus.
Le porte-parole de l'UMP Frédéric Lefebvre a relayé le discours gouvernemental selon lequel la contribution des hauts revenus à l'équilibre du régime des retraites ne remettait pas en cause le bouclier fiscal mais le "solidifiait" au contraire.
"Quand il y a des principes, il y a toujours des exceptions. Est-ce que pour autant le bouclier fiscal est remis en cause? Bien sûr que non, surtout pas!", a-t-il déclaré.
Dans le document d'orientation transmis dimanche aux syndicats, le gouvernement a préconisé "une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital", précisant que cette contribution "ne donnera pas droit à restitution au titre du bouclier fiscal".
"Ne touchez pas au bouclier fiscal !", avait lancé Nicolas Sarkozy aux députés UMP qu'il avait reçus fin mars juste après la défaite de son camp aux régionales. Selon les députés UMP, le chef de l'Etat avait toutefois promis qu'"un petit effort (allait) être demandé au moment de la réforme des retraites", sans autre précision.
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