Raffarin "craint le statu quo", plaide pour un changement de Premier ministre
L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin dit craindre "le conservatisme, le statu quo" et plaide pour un changement de chef du gouvernement, avec une préférence pour Jean-Louis Borloo, afin d'engager une nouvelle phase dans la perspective de la présidentielle de 2012.
Dans un entretien au Monde daté de dimanche/lundi, M. Raffarin souligne qu'il "apprécie la personne" de François Fillon. "Il revendique la continuité, c'est légitime mais cette ligne politique ne correspond plus à celle qu'il nous faut", ajoute-t-il aussitôt, en rappelant que "c'est au président de fixer la nouvelle ligne".
L'ancien chef de gouvernement dit "craindre", avec une reconduction de M. Fillon, "le conservatisme, le statu quo", estimant qu'"il faut une rupture à caractère social".
M. Raffarin considère que "pour gagner en 2012" la majorité a "besoin que le président de la République engage +la deuxième rupture+".
Il n'est "pas question de renier ce qui a été fait", ajoute-t-il "mais, il faut être lucide: la politique qui a été engagée depuis trois ans a un mauvais impact électoral. Nous l'avons constaté aux municipales de 2008 et aux régionales de 2010 qui ont été catastrophiques", souligne M. Raffarin.
Et selon lui, "si l'on ne parvient pas à créer une nouvelle donne politique durant l'acte II du quinquennat, il n'y a aucune chance que le résultat de 2012 soit meilleur".
Dans ce contexte, il juge Jean-Louis Borloo le mieux placé pour incarner cette nouvelle phase. "Il en a toutes les qualités, dit-il, mais il n'est pas seul, d'autres parmi les gens d'expérience ou au sein de la jeune et talentueuse nouvelle génération sont à la hauteur".
Il estime qu'avec M. Borloo "on pourrait afficher le souhait de recoudre le tissu social ou d'inventer une nouvelle croissance". "Avec un plus jeune, on pourrait chercher à renouveler les équipes (...) et à décrisper la gouvernance". "L'essentiel, ajoute-t-il, n'est pas qui est le Premier ministre, mais ce qu'il offre au président comme capacité de mouvement".
Revenant sur les attaques dont M. Borloo a été la cible et qui, selon lui, "ne sont jamais venues de l'Elysée", M. Raffarin demande d'être "attentif à ce que tout le monde se sente respecté dans la majorité" car "on ne construit rien de grand sur des humiliations".
La reconduction de M. Fillon à Matignon serait-elle un casus belli pour lui? "Evidemment non, dit-il, mais je serai très attentif à sa ligne politique s'il est reconduit".
Quant à un risque d'éclatement de la majorité si M. Fillon reste à Matignon, M. Raffarin prévient: "Nous analyserons les prochaines décisions. Ou bien la diversité de l'UMP est reconnue et tout ira bien ou bien on a le sentiment que la droite libérale centriste et européenne est mal entendue et alors il faudra réfléchir à notre organisation".
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