Borloo, sur le chemin de Matignon, vante le "Grenelle" comme méthode de gouvernement
Jean-Louis Borloo, qui fait figure de favori pour Matignon, a beau répéter qu'il n'en a jamais parlé avec Nicolas Sarkozy, son ode aux "Grenelle" comme méthode de gouvernement donne l'impression d'une campagne active pour succéder à François Fillon.
Intervention dominicale sur Canal+, interview au Parisien-Aujourd'hui en France, le ministre de l'Ecologie a profité du long week-end de la Toussaint et de l'accalmie post-débat sur les retraites pour pousser ses pions, avec pour objectif d'effacer une impression de flottement lors de la crise du carburant et de mettre en avant son profil social.
Pour l'actuel numéro deux du gouvernement, l'arme au service de cette conquête se nomme "Grenelle".
"Près de 90% des Français approuvent cette méthode de négociation à cinq entre Etat, associations, collectivités, syndicats, entreprises", a plaidé dans Le Parisien celui que le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, qualifiait il y a peu "d'orfèvre en matière sociale".
Dans cet entretien, M. Borloo a estimé que cette méthode était "applicable à de nombreux domaines de la vie quotidienne des Français", notamment à la "fiscalité", qui devrait être l'un des derniers chantiers du quinquennat.
Comme on lui demandait si cela s'apparentait à un programme de politique générale, Jean-Louis Borloo a répliqué d'un "non" catégorique.
Ce plaidoyer intervient au moment même de la publication, à l'initiative de son ministère, d'un sondage sur la vision qu'ont les Français du Grenelle de l'Environnement, et de la remise d'un rapport d'évaluation d'experts saluant ses avancées, trois ans après son lancement.
Tout cela "donne en effet le sentiment d'une démarche active (...), d'une mise en scène de sa possible arrivée à Matignon", a affirmé mardi à l'AFP François Miquet-Marty, directeur de Viavoice.
Face à lui, au-delà de son animosité contre son ministre de l'Energie, qu'il a qualifié de "zozo" devant ses visiteurs au sujet de la gestion de la pénurie de carburants, François Fillon se garde de donner le sentiment de défendre son poste.
"A quoi bon? Il n'a pas à laisser entendre qu'il est candidat dans la logique du remaniement. Ca serait même mal venu", estime M. Miquet-Marty, selon qui l'actuel Premier ministre dispose "d'une situation confortable" dans la mesure "où les différentes sensibilités de la majorité peuvent se reconnaître en lui".
Jean-Louis Borloo est en revanche un Premier ministrable contesté au sein de la majorité. Le député UMP de Paris Claude Goasguen a qualifié mardi d'"incongrue" son idée d'un Grenelle de la fiscalité, et le porte-parole adjoint de l'UMP Dominique Paillé l'a reléguée au rang de "suggestion".
"Beaucoup disent aujourd'hui au président que Borloo exploserait au bout de trois mois, et peut-être même moins", assène un responsable de l'UMP. Un autre assure que le chef de l'Etat n'a pas fait son choix entre garder François Fillon et nommer Jean-Louis Borloo.
Pour autant, le numéro deux du gouvernement compte quelques précieuses marques de soutien, émanant notamment de Claude Guéant, Raymond Soubie, le conseiller social en partance du président.
Au Nouveau Centre, Maurice Leroy, comme avant lui le ministre de la Défense, Hervé Morin, a jugé qu'il s'agirait d'un "bon choix".
Il y a bien "quelques réticences" au Parlement, concède un responsable parlementaire UMP. Mais, ajoute-t-il "l'arrivée de Borloo ne devrait pas être un vrai problème au sein du groupe", contrairement à ce qui s'était passé lors de la nomination de Dominique de Villepin à Matignon.
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