"Cité des 4.000", Sambi et Farid veulent voter contre le "requin" Sarkozy (REPORTAGE) Par Amer OUALI =(PHOTO ARCHIVES)=
LA COURNEUVE, 4 avr 2007 (AFP) - Dans la cité déshéritée des 4.000 de La Courneuve, près de Paris, Sambi, un lycéen de 20 ans, votera contre Nicolas Sarkozy comme beaucoup de ses copains. Mais il a peur que ce "requin" ne dévore sa favorite, la socialiste Ségolène Royal."Tout sauf lui!", s'écrient à l'unisson une dizaine de jeunes d'origine africaine à l'évocation du nom du candidat de l'UMP à la présidentielle.
Au pied de longues barres d'immeubles de béton gris, ces jeunes vouent une animosité viscérale à l'ancien ministre de l'Intérieur, qui avait promis de "nettoyer au Kärcher" leur cité après la mort d'un jeune garçon, victime d'un règlement de comptes à l'été 2005.
"Au début, ça nous a fait marrer", se rappelle Saïd, manutentionnaire de 22 ans, d'origine comorienne. "C'est après qu'on a compris qu'il nous prenait pour de la saleté..."
Quelques semaines après, des émeutes déclenchées par la mort accidentelle de deux adolescents d'origine immigrée poursuivis par la police secouaient les banlieues.
"Sarkozy me fait flipper", tranche Sambi. "S'il est élu, ce sera la police au pouvoir". Il dénonce des interpellations pour "n'importe quoi" comme un "regard mal apprécié, un crachat sur la chaussée, la sono trop fort dans les voitures".
La cité des 4.000, bâtie à la fin des années 1950, où se côtoient des dizaines de nationalités, est un concentré des maux des banlieues.
Le chômage touche environ un quart de la population. La drogue se vend au pied des immeubles. Le sentiment d'abandon de cette cité, pourtant aux portes de Paris, est omniprésent.
Alors que la nuit tombe, une dizaine d'hommes en qamis (longue robe), calotte blanche sur la tête, se dirigent vers la mosquée. Un quinquagénaire, éméché, est tancé par des jeunes d'origine maghrébine. "T'as pas honte de boire de l'alcool, ici nous sommes tous des musulmans", hurle l'un d'entre eux.
Pour barrer la route de l'Elysée à Sarkozy, disent-ils, de nombreux jeunes issus de l'immigration se sont inscrits sur les listes électorales. Selon beaucoup, afin de voter pour Ségolène Royal. Mais sans enthousiasme.
Aux yeux de Sambi, la candidate socialiste est "honnête" mais "molle". "Elle risque d'être "dévorée" par Sarkozy, un "requin qui ne cache pas son appétit", juge-t-il.
Moustache fine et cheveux gominés, Farid tire sur un narguilé dans un café chicha. Ce livreur de 25 ans, d'origine marocaine votera aussi pour Mme Royal "même si elle raconte des conneries".
"Avec Sarkozy il n'y aura ni liberté, ni égalité ni fraternité", ajoute Farid. "Je préfère encore Le Pen". "Au moins, il n'est pas hypocrite. Sarkozy n'aime pas les arabes mais cache bien son jeu. C'est pour ça qu'il a nommé une collaboratrice arabe", sa porte-parole Rachida Dati, assène-t-il.
Déyi, une caissière de 25 ans, se dit "orpheline de Chirac". Elle refuse d'aller voter parce que le candidat de l'UMP "est dangereux pour les immigrés et les jeunes des banlieues".
M. Sarkozy n'a pourtant pas que pas des pourfendeurs à La Courneuve. Mère de famille d'origine algérienne, Samia a "le socialisme dans l'âme". Mais elle ne votera pas pour Mme Royal qu'elle trouve "fuyante" et "incompétente".
"Je vais voter pour Sarkozy car je ne supporte pas ces étrangers qui n'ont aucun droit dans leur pays d'origine mais se croient tout permis en France", explique-t-elle.
Et pour elle, un "coup de Kärcher" ne serait pas "vraiment inutile".
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