Le débat en banlieue: deux salles, deux camps, grand silence (REPORTAGE) Par Sylvain PEUCHMAURD et Stéphane JOURDAIN
ARGENTEUIL, 2 mai 2007 (AFP) - Cinquante kilomètres les séparent en banlieue parisienne. Les uns sont réunis à Argenteuil par une association proche de Nicolas Sarkozy. Les autres à l'Hôtel de Ville d'Evry, acquis à Ségolène Royal. Ils écoutent, presque solennels. Et chacun voit midi à sa porte. A Argenteuil (Val d'Oise), l'association Bleu-Blanc-Rouge, dont le porte-parole Tarek Mouadane soutient le candidat de l'UMP, a ouvert ses locaux à une quinzaine de jeunes. Des "pro-Sarko", mais aussi des indécis et des jeunes de gauche.
A Evry (Essonne), pendant ce temps, ils sont quelque 200, un public un peu plus âgé rassemblé dans l'obscurité d'une salle où généralement on célèbre mariages et conseils municipaux.
"Chuut", entend-on à Evry, quand quelqu'un se risque à une remarque, tandis qu'à Argenteuil, on demande aux plus jeunes d'aller pouffer dehors.
Malgré tout, des supporteurs des deux camps parlent pour se réjouir.
"Elle est offensive (...) pour une fois, il est déstabilisé", assure Olivier Uleku, 28 ans, pro-Royal d'Evry.
Lorsque Nicolas Sarkozy semble hésiter, les applaudissements fusent, tandis que le député-maire PS Manuel Valls, rappele à l'ordre l'assistance, les sourcils froncés et ne cachant pas son agacement. Même scénario à Argenteuil. Quand la candidate semble flancher sur la question des retraites, la salle éclate de rire.
Dans le local de l'association pro-Sarkozy, une jeune femme de 22 ans, Stéphanie Andler, commente la proposition de Ségolène Royal de "raccompagner les policières", en fin de service pour éviter des viols comme celui intervenu dimanche à Bobigny (Seine-Saint-Denis): "Ce qui leur faut, c'est pas un garde du corps qui entretient la crainte, mais du respect mutuel", critique-t-elle. Et ici, lorsque le débat aborde la question des heures supplémentaires - que Nicolas Sarkozy souhaite favoriser - Kader Abadi, qui envisage de voter blanc, prend la défense du candidat de l'UMP: "Il n'a pas tort. C'est bien d'avoir plus de paye. Moi, quand j'étais chauffeur-livreur, je gagnais 1.500 euros, c'est parce que je faisais des heures sup".
A Evry, Admi Hadija, kinésithérapeute de 23 ans, n'y croit pas: "Si j'étais employeur je demanderais aux employés que j'ai déjà de faire des heures supplémentaires plutôt que d'en embaucher de nouveaux. Cette solution-là débouchera sur une dérive", estime-t-elle.
Et, à entendre les partisans des deux camps, il y a deux gagnants.
Dans la salle de l'hôtel de Ville d'Evry, Cécile Carreyra, 23 ans, étudiante, trouve la candidate "convaincante, éloquente". "Elle domine largement. Il n'est pas sûr de lui. Elle a toujours une longueur d'avance sur lui".
A Argenteuil, "Faouzi", la trentaine, lui, estime que Nicolas Sarkozy est "plus convainquant. Ce n'est pas une question de forme, mais d'idées. Les siennes sont plus claires", tranche-t-il.
Mais dans cette salle plutôt acquise à Nicolas Sarkozy, les spectateurs jugent le débat équilibré et sont surpris, comme à Evry, par la capacité de Ségolène Royal à déstabiliser son adversaire.
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