Sarkozy et Royal: des divergences sur les moyens de relancer l'Europe (PAPIER D'ANGLE) Par Pierre GLACHANT
PARIS, 3 mai 2007 (AFP) - Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal affichent tous deux leurs convictions européennes et s'accordent pour critiquer la Banque centrale européenne (BCE), mais ils divergent sur certains objectifs et sur les moyens de relancer l'Europe, après le "non" français au projet de Constitution.Deux ans après ce "non" retentissant, le nouveau président devra s'atteler rapidement au chantier européen: la France, qui assurera la présidence de l'UE au deuxième semestre 2008, est attendue avec impatience par ses partenaires. Les 27 de l'UE se sont fixé comme objectif d'avoir un nouveau traité à la mi-2009.
Les deux finalistes de la présidentielle avaient fait campagne en 2005 en faveur du "oui". Néanmoins, "il y a des lignes de fracture assez profondes" entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal en matière européenne, explique Paul Magnette, de l'Université libre de Bruxelles (ULB).
Sur les institutions, M. Sarkozy préconise que les 27 adoptent un "traité simplifié" portant sur les réformes nécessaires à un meilleur fonctionnement de l'Union, qui figuraient déjà dans le projet rejeté en 2005.
Il s'agirait en particulier de doter l'UE d'une "présidence stable", au lieu de la présidence actuelle qui change tous les six mois, et d'un "ministre des Affaires étrangères".
Dans une réponse à un collectif pro-européen, M. Sarkozy a même déclaré souscrire "pleinement" à la proposition de donner à l'UE un président "élu à terme au suffrage universel direct".
Ségolène Royal souhaite également un traité qui "permette aux institutions (européennes) de fonctionner", retenant l'essentiel des dispositions contenues dans le projet de 2005. Elle est favorable à une "présidence stable" pour l'UE.
Mais Mme Royal veut avant tout que ce traité soit accompagné d'un "volet social", pour que les "droits des travailleurs soient pris en considération". Elle souhaite aussi que l'Europe "avance" sur la question d'un salaire minimum, pour lutter contre le dumping social.
"Nicolas Sarkozy a présenté une vision de l'Europe généralement considérée comme un peu minimaliste, qui se contente d'un peu moins que ce qu'il y avait dans le traité constitutionnel", estime Paul Magnette.
"Ségolène Royal, poursuit l'universitaire, a été un peu floue sur la manière dont elle veut faire avancer l'Europe mais a donné en revanche une vision plus ambitieuse", en introduisant du social.
"Il y en a un qui veut moins, l'autre qui veut plus", résume-t-il.
La différence entre les deux finalistes portent aussi sur la façon dont ils souhaitent faire ratifier le nouveau traité européen: Nicolas Sarkozy prône la voie parlementaire, moins risquée, et Ségolène Royal un nouveau référendum.
L'adhésion de la Turquie à l'UE oppose les deux candidats. Nicolas Sarkozy y est totalement hostile, et Ségolène Royal plutôt favorable, même si elle rappelle que les Français devront se prononcer sur le sujet et estime que la Turquie n'est pas prête en l'état à rejoindre l'Europe.
Ils convergent en revanche sur leurs critiques de la BCE, trop axée selon eux sur la lutte contre l'inflation, au détriment de la croissance et de l'emploi.
M. Sarkozy a promis une "offensive diplomatique" pour instaurer "un véritable gouvernement économique de l'Europe". Mme Royal considère pour sa part qu'il n'appartient pas à la BCE "de décider de l'avenir de nos économies", mais à des "dirigeants démocratiquement élus".
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