L'agenda chargé du prochain ministre de la Défense (PAPIER D'ANGLE) Par Hervé ASQUIN
PARIS, 4 mai 2007 (AFP) - L'agenda du prochain ministre de la Défense déborde déjà d'engagements: il devra redéfinir les priorités des armées, tailler dans les programmes d'équipements et batailler pour son budget.La tâche s'annonce rude. Les feuillets du dernier Livre blanc sur la Défense, qui fixait la doctrine française, ont jauni. Il remonte à 1994. L'actuelle loi de programmation militaire 2003-2008 arrive à échéance et la prochaine, pour les années 2009-2013, est encore une page blanche.
Quant au "modèle d'armée 2015", mètre étalon du dimensionnement des armées et des programmes d'armement, il est jugé unanimement hors de portée budgétaire à cet horizon.
L'OTAN a fixé à 2% du produit intérieur brut le montant souhaitable des budgets militaires de ses membres. La France s'enorgueillit d'y parvenir. Mais en "normes Otan", le compte n'y est pas, a concédé le chef d'état-major des armées Jean-Louis Georgelin.
Les missions de Défense ne représenteraient ainsi que 1,67% du PIB en 2007, le reste relevant d'autres missions du ministère comme la sécurité (gendarmerie), la recherche ou les pensions des anciens militaires.
Chef des armées, le président Jacques Chirac l'a implicitement reconnu le 24 avril, estimant que l'effort de défense "peut et doit être porté à 2% en normes Otan de notre PIB en 2008" pour que la France puisse "tenir son rang et défendre ses intérêts".
Au-delà des ambiguïtés comptables, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont tous deux promis de garder le cap des 2%.
Le candidat UMP prône un "effort global de défense au minimum maintenu à son niveau actuel" et la candidate socialiste, légèrement en retrait, entend "maintenir et adapter" l'effort budgétaire.
"Il sera très difficile pour les candidats de maintenir le budget à 2% du PIB tout en finançant leurs promesses de campagne", note cependant Etienne de Durand, de l'Institut français de relations internationales (IFRI).
Ce qui pourrait se traduire par de nouveaux reports ou des impasses dans les programmes d'armement. Sur ce point, les deux candidats ne s'interdisent rien.
Mme Royal a promis d'opérer les "redéploiements nécessaires" et M. Sarkozy a souhaité "l'audit systématique des principaux programmes d'armement en cours ou en projet".
Quels programmes pourraient en faire les frais? Les spéculations vont bon train. Si M. Sarkozy voit en un second porte-avions "une évidence opérationnelle et politique", la candidate socialiste est loin d'en être persuadée.
Mais on parle aussi des prochaines commandes du Rafale, des Frégates multimissions ou même des sous-marins nucléaires d'attaque.
Révélé par La Tribune, un document confidentiel du ministère de la Défense estimait en 2005 qu'il pourrait manquer jusqu'à 70 milliards d'euros d'ici à 2015 pour satisfaire les besoins d'équipement exprimés par les armées.
Quel qu'il soit, le prochain ministre de la Défense aura aussi du pain sur la planche pour tenir les autres promesses des candidats, unanimes sur la création d'un nouveau service civil.
Il devra composer avec un parlement aux pouvoirs renforcés sur l'approbation des opérations extérieures ou le contrôle des services de renseignement. Quelque 15.000 soldats français sont déployés à l'étranger et M. Sarkozy comme Mme Royal se sont ouvertement interrogés sur l'évolution de cet engagement.
Au chapitre diplomatique, la place de la défense dans la relance du projet européen sera au coeur de la présidence française de l'Union européenne au second semestre 2008 et donc des missions du prochain locataire de l'Hôtel de Brienne.
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