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Royal ou Sarkozy: une nouvelle page de la Ve République s'ouvre dimanche (AVANT-PAPIER) Par Tristan MALLE

PARIS, 4 mai 2007 (AFP) - Les 44.472.867 électeurs français choisiront dimanche qui de Ségolène Royal, 53 ans, ou Nicolas Sarkozy, 52 ans, deviendra le sixième président de la Ve République, au terme d'une longue campagne électorale qui a déjà fait bouger les lignes du paysage politique.L'issue du duel entre la socialiste Ségolène Royal, première femme à pouvoir entrer à l'Elysée, et le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, tournera quoi qu'il arrive une page après 12 ans de mandat de Jacques Chirac.

Les deux candidats, des quinqagénaires qui incarnent une nouvelle génération politique, ont d'ailleurs insisté, tout au long de la campagne, sur leur volonté de rompre avec les pratiques et comportements politiques du passé.

Mais tandis que la candidate socialiste a dessiné les contours d'une VIe République dans laquelle les citoyens seraient davantage associés aux décisions pour "sortir d'un système qui ne marche plus", le candidat UMP a souligné lui la nécessité de "liquider" l'esprit de Mai 1968, pour sortir des "blocages" de la société française et de "l'impuissance publique" et renouer avec "la morale, l'autorité, le travail et la Nation".

Visions différentes de la société française, que le débat autour de "l'identité nationale" a notamment mis en exergue, mais aussi priorités différentes.

Le "Pacte présidentiel" que propose Mme Royal aux Français met en avant l'éducation, la formation des jeunes, la formation et l'innovation pour relancer la croissance. Sur le plan économique et social la hausse du Smic, la revalorisation des retraites, la lutte contre la pénurie de logements.

M. Sarkozy propose en premier de "réhabiliter le travail, l'effort, le mérite, le goût du risque". Contrat de travail unique, allègements fiscaux, remise en cause des 35 heures et réforme des régimes spéciaux de retraites sont quelques unes des réformes emblématiques qu'il a préconisées tout au long de la campagne.

Si on retrouve dans leurs programmes une partie des "valeurs" classiques du PS et de la droite libérale, les deux candidats ont toutefois pour point commun d'avoir toujours cherché, au cours de la campagne, à s'émanciper du poids tutélaire de leurs partis et à élargir leur base électorale, au nom d'un dialogue direct avec "le peuple".

Une propension à sortir des schémas traditionnels qui, du côté de Ségolène Royal, a parfois désarçonné les soutiens et partis traditionnels de la gauche.

Quel que soit le résultat de l'élection, pour laquelle Nicolas Sarkozy est donné favori par les sondages, c'est une nouvelle France politique, que le premier tour le 22 avril avait déjà commencé à dessiner, qui sortira des urnes le 6 mai.

Nicolas Sarkozy, en tête du premier tour avec 31%, a déjà réussi à ramener au camp de la droite classique une bonne part des électeurs du Front national, retombé à 10%. Il n'a pas pu empêcher en revanche l'affirmation d'un centre autour de François Bayrou, qui a dépassé 18% des suffrages.

Ségolène Royal a rassemblé sur son nom plus du quart des électeurs, mais au prix d'un laminage des formations situées sur sa gauche et d'une fuite de certains électeurs vers François Bayrou, ce qui a amené la gauche dans son ensemble à son plus bas historique depuis 1969 (36,44%).

Ségolène Royal réussira-t-elle la gageure de rassembler une majorité des électeurs centristes tout en faisant le plein sur sa gauche?

Nicolas Sarkozy pourra-t-il ramener au bercail de la droite les électeurs du centre, comme il l'a déjà fait avec les élus UDF, et hypothéquer les chances de construction de la force centriste voulue par François Bayrou?

Les électeurs du FN suivront-ils l'appel à "l'abstention massive" de Jean-Marie Le Pen?

De la réponse à ces questions dépendra le visage de la France du 7 mai