SAPIENS

Alliot-Marie semble bien placée pour Matignon, si Fillon s'en va

Michèle Alliot-Marie peut-elle devenir la deuxième femme à entrer à Matignon ? Si François Fillon quittait son poste dans le cadre du grand remaniement annoncé par Nicolas Sarkozy, la ministre de la Justice semble fort bien placée, avec Jean-Louis Borloo en embuscade.

Depuis quelques jours, des journaux comme Le Nouvel Observateur donnent la garde des Sceaux, 63 ans, favorite pour succéder à François Fillon.

Elle serait alors la deuxième femme en France à prendre les rênes d'un gouvernement, après la socialiste Edith Cresson (mai 1991-avril 1992).

En l'absence d'information officielle, on reste dans les conjectures. "Le président lui-même n'a pas pris de décision", a assuré lundi à l'AFP Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée.

"Ce n'est pas une question d'actualité immédiate", fait-il remarquer, en rappelant que Nicolas Sarkozy avait annoncé qu'il y aurait un remaniement après la réforme des retraites, au plus tôt début novembre, si le calendrier parlementaire est respecté. M. Sarkozy a donc "du temps pour mûrir sa décision", ajoute M. Guéant.

Plusieurs ministres et cadres de l'UMP, interrogés par l'AFP, jugent l'hypothèse MAM "crédible". Non qu'ils aient entendu le président en parler - "il n'évoque jamais ce sujet", assurent-ils - mais parce que, selon eux, Mme Alliot-Marie a plusieurs atouts dans sa manche et que cela permettrait à Nicolas Sarkozy, à deux ans de la présidentielle, de donner un air de renouveau au quinquennat.

Les mêmes ne retiennent pas l'hypothèse Borloo. Le ministre de l'Ecologie est "trop imprévisible", résume l'un d'entre eux.

Un proche du ministre souligne qu'il a "de l'appétit pour la fonction", mais ne rechignerait pas "à retourner dans le privé".

"Michèle Alliot-Marie est populaire, c'est une femme -- c'est bien face à Martine Aubry -- elle a un créneau bien à droite, mais d'une droite classique, qui rassure", énumère un ministre.

"Elle est capable de tenir les parlementaires", analyse le même, qui met en avant son "gaullisme".

"Si ce n'est pas Fillon, Alliot-Marie fait partie des noms crédibles pour Matignon. Mais François Fillon est bien placé pour rester", avance un autre ministre.

Même circonspection de la part d'un dirigeant de l'UMP qui se dit "extrêmement prudent".

"Nicolas Sarkozy a une obligation, pour montrer sa bonne gestion des finances publiques : restreindre son gouvernement. Mais cela signifie qu'il devra conserver ses principaux ministres. Si en plus, il garde Fillon, il ne donne pas l'impression d'un nouveau souffle", analyse cependant le cadre du parti majoritaire. Encore que... "on fait du casting", convient-il, quand on l'interroge sur l'ampleur de ce "nouveau souffle".

Pour M. Sarkozy, "il n'y a pas de solution idéale. Mais Alliot-Marie à Matignon, ça le mettrait à l'abri des chiraquiens et pourrait le prémunir, un peu, de Villepin", ajoute le même.

Celle qui a enchaîné, depuis 2002, sous les présidences Chirac puis Sarkozy, les ministères régaliens (Défense, Intérieur, Justice), apparaît ainsi à ses pairs comme "la plus première-ministrable", surtout après la sortie de piste d'Eric Woerth, empêtré dans des affaires.

"Il y a de grandes chances que ce soit MAM", résume un cacique UMP.

L'intéressée sait qu'elle a "une carte à jouer. "C'est pour cela qu'elle garde le silence sur les questions de sécurité depuis les propositions du président Sarkozy", alors que sa position à la Justice "aurait dû la placer aux premières loges", fait remarquer un ministres.