La réforme des retraites passée, Sarkozy en quête d'un nouveau rebond
Après l'adoption de la réforme des retraites, Nicolas Sarkozy espère rebondir avec le remaniement à venir et une plus forte implication sur la scène internationale via sa présidence du G20. Mais la partie est loin d'être gagnée à en croire des experts interrogés par l'AFP.
Même si la mobilisation sociale a connu un net reflux, le chef de l'Etat se garde bien de tout triomphalisme, préférant insister sur le "ni vainqueur ni vaincu" pour calmer les esprits et "éviter les mots qui blessent" les syndicats.
Reste que cela ne suffira vraisemblablement pas au président pour reconquérir des Français opposés, selon les sondages, à la réforme votée au forceps. "Le sentiment de frustration est fort et peut-être durable", estime Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA.
Comment alors sortir de ce qui ressemble à une impasse, à 18 mois de la présidentielle ? La réponse sera d'abord politique avec un remaniement du gouvernement, annoncé depuis des mois et qui se fait attendre.
"Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation", a répondu vendredi depuis Bruxelles Nicolas Sarkozy tout en confirmant son intention de changer d'équipe car son "devoir de chef de l'Etat est d'entendre ce qui a été dit par les uns et les autres".
Pour Gaël Sliman cependant, le remaniement risque de se transformer en "épiphénomène": "en cumulant depuis 2007 les fonctions de Premier ministre et de président, Nicolas Sarkozy, jugé comptable des bonnes et mauvaises nouvelles, continuera à focaliser l'attention de l'opinion publique".
D'autre part, dans l'hypothèse d'un Jean-Louis Borloo (Ecologie) à Matignon qui pourrait plaire à l'opinion, rien ne dit, explique-t-il, que le chef de l'Etat en bénéficiera.
L'engouement pour François Fillon n'a jamais rejailli sur l'hôte de l'Elysée. "Les deux remaniements de François Mitterrand en 1991 puis 1992 n'ont pas dynamisé sa popularité", rappelle François Miquet-Marty, directeur de Viavoice.
Nicolas Sarkozy mise aussi sur l'international avec la présidence du G8/G20 mi-novembre pour un an. Ses six mois à la tête de l'Union européenne en 2008 avaient été bien perçus par les Français.
"L'action sur la scène internationale peut lui permettre de fédérer des électorats au delà du noyau dur UMP", juge M. Miquet-Marty.
Ce sera l'occasion pour le chef de l'Etat "de dire aux Français : +je vous protège+ face aux effets pervers de la mondialisation", note M. Sliman. Nicolas Sarkozy confiait d'ailleurs lui-même en juin vouloir être "un président protecteur".
"En 2007, il a largement gagné sur l'espoir, explique M. Sliman. En 2012, il peut gagner sur les peurs. Il a commencé cet été sur l'insécurité et il peut continuer sur le registre économique".
Et la possibilité de "bras de fer" avec d'autres pays du G20, par exemple sur le cours des monnaies, pourrait lui être utile, car "même en l'absence de résultats tangibles", il restera qu'"il se sera battu".
"Le volontarisme demeure un atout fort de Nicolas Sarkozy que beaucoup de Français lui reconnaissent", explique M. Miquet-Marty.
Gros bémol, nuance Gaël Sliman : "Dans une présidentielle, l'international n'est pas fondamental pour les Français. Leurs considérations sont beaucoup plus hexagonales".
D'où peut-être le choix de Nicolas Sarkozy de poursuivre finalement les réformes jusqu'en 2012 en insistant sur les thématiques sociale et fiscale, alors qu'il avait annoncé en mars dernier "une pause" dès l'automne pour ne plus faire "que de la politique".
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