Le gouvernement Fillon en pleine incertitude, avant le remaniement
A quelques semaines d'un remaniement annoncé, le gouvernement Fillon vit en pleine incertitude, entre ministres menacés, ceux qui ont des états d'âme et hésitent comme Hervé Morin ou Bernard Kouchner, et les autres qui font tout pour rester dans la future équipe "resserrée".
Y être ou ne pas y être ? La question taraude certains ministres dans l'attente d'un remaniement qui pourrait n'intervenir qu'en novembre, selon Claude Guéant, secrétaire général de l'Elysée.
Annoncé dès mars pour l'automne par Nicolas Sarkozy, la perspective d'une changement d'équipe à si long terme pouvait mettre sur les nerfs un gouvernement pris dans les affres de l'affaire Bettencourt et vivement critiqué depuis cet été pour sa politique sécuritaire, au moment où il lui faut défendre sa délicate réforme des retraites.
Si François Fillon paraît sûr de lui et détendu - se payant même le luxe après un long silence de dénoncer la "surenchère" à droite sur la question des Roms - ses ministres semblent plus nerveux, d'autant que M. Guéant a parlé d'un futur "gouvernement resserré".
"Il y a ceux qui en ont marre, ceux qui sont résignés et ceux qui espèrent", résume l'un d'entre eux, à ranger dans la troisième catégorie.
Clairement dans la première catégorie, Dominique Bussereau, au gouvernement depuis plus de huit ans, a fait savoir qu'il souhaitait retrouver les bancs de l'Assemblée pour s'occuper de son département, la Charente-Maritime.
Plus difficile à classer, Bernard Kouchner a fait savoir lundi qu'il avait songé à "démissionner". L'ancien "french doctor", ex-socialiste et ministre de l'ouverture chère à Nicolas Sarkozy, a avoué avoir eu "le coeur serré" par le sort réservé aux Roms. Donné partant du Quai d'Orsay où il pourrait être remplacé par Alain Juppé, il a toutefois préféré y rester, estimant que "s'en aller, c'est déserter, c'est accepter".
Face à cette rébellion apparente, le Premier ministre a eu beau jeu, lundi matin, d'expliquer que "non seulement Bernard Kouchner n'a(vait) pas démissionné mais" avait "défendu la politique du gouvernement", vendredi dernier devant les ambassadeurs.
Plus compliquée pour Nicolas Sarkozy est la situation du ministre de la Défense Hervé Morin, également chef du Nouveau centre, qui cache de moins en moins ses ambitions présidentielles pour 2012.
Lors de l'université d'été de son parti dimanche, M. Morin a fustigé les discours de "la haine, de la peur et du bouc-émissaire", en estimant que la lutte contre l'insécurité était "vouée à l'échec" si elle ne comportait qu'un "seul volet répressif". Allusion à peine voilée au discours très ferme tenu le président fin juillet à Grenoble.
"Il participe à cette politique depuis plus de trois ans. Je ne l'ai jamais entendu émettre la moindre réserve", s'est plu à rappeler M. Fillon.
Très ironique, le très à droite député UMP des Alpes-Maritimes Lionnel Luca a raillé "les déclarations étonnantes du week-end de la part de certains ministres, en particulier celles de celui pour lequel les affaires sont de plus en plus étrangères, (qui) témoignent de la nécessité d'un plus long repos que les vacances qui n'ont manifestement pas suffi".
"Ni la majorité, ni l'Elysée n'ont l'intention de faire un sujet des tourments des uns et des autres en leur tombant dessus à bras raccourci", tempère toutefois un responsable de la majorité, "ce n'est franchement pas ce qui préoccupe les Français".
Il n'empêche. "Tout cela ne fait qu'illustrer les divisions de la majorité sur le thème de la sécurité", regrette un cadre de l'UMP. "Compte tenu des difficultés à venir, nous aurions tout intérêt à rester unis", ajoute-t-il.
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