Retraites: dernier round de concertation, les syndicats préparent la riposte
Le gouvernement a lancé jeudi un dernier round de concertation express avec les partenaires sociaux pour finaliser son projet de réforme dévoilé la veille, avec une marge de manoeuvre réduite, Eric Woerth ayant formellement exclu de revenir sur le recul de l'âge légal.
Juste après la présentation de sa réforme, le ministre du Travail a prévenu que le gouvernement refuserait de toucher à sa mesure phare: le recul de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans.
"Nous ne reviendrons pas sur les mesures d'âge parce qu'elles sont sérieuses, elles sont aussi socialement tout à fait acceptables", a-t-il déclaré. "Si on retire le projet, il n'y a plus de système de retraite", a-t-il affirmé, en réponse aux syndicats.
Le ministre a simplement laissé entendre que des négociations étaient possibles à la marge sur certains sujets moins emblématiques comme la pénibilité ou les "carrières longues".
Nicolas Sarkozy a demandé à M. Woerth de recevoir les partenaires sociaux pour éventuellement amender le projet, avant qu'il ne rende ses derniers arbitrages, vendredi étant la date butoir pour finaliser le texte si le gouvernement veut tenir les délais légaux pour un passage en Conseil des ministres le 13 juillet.
Mais les syndicats n'attendent pas grand-chose de ces ultimes concertations et ont déjà les yeux tournés vers la prochaine journée de mobilisation du 24 juin. La CGT et FO ont même décidé de boycotter ces rencontres.
"Nous ne voyons pas ce que nous irions faire puisqu'il ne s'agit pas de discuter de l'âge de départ. Si c'est pour discuter des centièmes derrière la virgule, ce n'est pas la peine", a déclaré un porte-parole de FO.
"La négociation nous est refusée. Le ministre a dit clairement qu'il ne reviendrait pas sur la philosophie du texte. Or nous, c'est tout le texte que l'on veut changer", a renchéri Eric Aubin (CGT), rappelant que l'intersyndicale CGT-CFDT-CFTC-Unsa-FSU-Solidaires se réunissait jeudi pour tenter de parvenir à une analyse commune de la réforme.
Première reçue jeudi au ministère, la présidente du Medef Laurence Parisot a pour sa part réaffirmé son "accord avec le principe d'allonger la durée d'activité" et ses "réserves sur certaines mesures, notamment sur la fiscalité de l'épargne". Selon elle, le ministre se serait "montré sensible à cette question de l'épargne retraite".
La CFTC entendue juste après souhaitait, quant à elle, alerter "le gouvernement sur les conséquences irréparables" de la réforme.
Pour une majorité de syndicats, la riposte passera d'abord par la rue, l'intersyndicale espérant mobiliser jeudi prochain davantage que lors de la précédente journée de mobilisation du 27 mai.
Ce jour-là, entre un million de personnes selon les syndicats et 395.000 selon la police avaient défilé en France.
Selon un sondage, un Français sur deux juge la réforme "injuste et inefficace" et 60% sont contre le recul à 62 ans.
Pour le leader de la CGT Bernard Thibault, "il faut une réaction à la hauteur de l'attaque", car il est "important que le gouvernement ait un signal clair de la réaction des salariés".
François Chérèque, qui a lui accepté de rencontrer M. Woerth, ne se fait guère d'illusion: "Si le gouvernement ne suit pas, et je pense qu'ils ne vont pas beaucoup bouger, il faut qu'on soit dans la rue le 24 pour montrer notre mécontentement".
Jusqu'ici FO qui faisait cavalier seul n'a pas exclu de participer à cette journée de grève et de manifestations. La CGC y réfléchit également.
De son côté, le gouvernement s'attend à une mobilisation "certainement forte" mais ne la redoute pas, a assuré M. Woerth.
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