Le duel cathodique "Ségo-Sarko" arbitré à distance par les militants (REPORTAGE) Par Béatrix BACONNIER-MARTIN et OLIVIER LUCAZEAU
PARIS, 2 mai 2007 (AFP) - L'équipe de campagne de Ségolène Royal dans une salle de spectacle "branchée", supporteurs de Nicolas Sarkozy dans une discothèque à la mode: de chaque côté, on regarde le duel cathodique entre les deux candidats, en tentant de cacher son stress.Que ce soit à "La Bellevilloise", sur les hauteurs de Ménilmontant, dans le XXe arrondissement, ou au "Showcase", sous le pont Alexandre III, dans le VIIIe arrondissement, la tension est palpable dès les premières minutes du débat.
Surtout du côté du PS où on est contraint, en rechignant, de "zapper" sur TF1, les deux écrans géants branchés sur France 2 restant muets.
Quand le son démarre, Ségolène n'a parlé que 4 secondes et c'est le président de l'UMP qui est lancé. Sa voix est aussitôt couverte par des sifflets.
Puis ce sont les applaudissements des 250 invités quant la candidate interrompt son adversaire et évoque le viol d'une jeune policière de Bobigny. Des applaudissements qui tournent au rire généralisé quand elle lui propose en souriant de "continuer" à parler après l'avoir accusé de citer le Medef à l'appui de sa démonstration économique.
Côté UMP, quelques centaines d'invités sont là, autour des deux porte-parole du candidat, Xavier Bertrand et Rachida Dati. Ici, il y a cinq grands écrans, tous branchés sur TF1. L'atmosphère est calme, studieuse, concentrée.
Applaudissements pour Nicolas Sarkozy quand il critique les 35 heures. Huées pour Ségolène Royal. Là aussi, les réactions sont prévisibles. Et des ricanements montent quand la candidate propose de faire raccompagner chaque policière en fin de service de nuit.
Des deux côtés, l'ambiance reste cependant polie, fair-play. Aucune insulte ne fuse, et un "aficionado" UMP lâche même un:" elle est bonne là" quand Ségolène Royal défend les emplois tremplins avec conviction.
A Ménilmontant, Thomas Hollande rejoint ses amis du mouvement "Ségosphère". Au même moment, sur l'écran, sa mère évoque François Hollande, le Premier secrétaire du PS, son père. Mais le jeune homme ne laisse rien percevoir de ses sentiments.
22h40. Le débat touche à sa fin. Et les pronostics commencent. Pour Stellie Geron, une jeune militante socialiste, "elle contrôle bien, et elle mène".
"Là, franchement, si les Français n'ont pas compris que c'est du vent ce qu'il raconte, je suis largué!", s'exclame Julien Molesin, alors que Ségolène Royal accuse son interlocuteur d'avoir atteint "le summum de l'immoralité politique".
Pour Benoît Joseph, un grand black au look de basketteur, "elle a gagné parce qu'elle utilise des mots propres, comme amour, et pas des mots sales, comme Kärcher".
Au Showcase, le sentiment est à l'opposé. "Le moins déstabilisé des deux, c'est Nicolas", assure Cécilia, la vingtaine: "Elle est confuse et lui est beaucoup plus clair". Sabrina, plus mitigée, estime que le débat "n'est pas constructif". "Ca ne va pas convaincre les hésitants", craint-elle.
Pour les militants UMP, c'est Nicolas Sarkozy qui a gagné le débat "car il n'est pas sorti de ses gonds": "Il est resté calme alors qu'elle a perdu son sang froid", se félicite un jeune homme.
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