Critiques de ténors du PS, dès l'annonce de la défaite de Ségolène Royal (PAPIER D'ANGLE) Par Thierry MASURE
PARIS, 6 mai 2007 (AFP) - Plusieurs ténors du PS ont lancé des critiques plus ou moins voilées contre la direction du parti et Ségolène Royal, dimanche soir, dès l'annonce de la défaite, laissant augurer de douloureux réajustements chez les socialistes, à un mois des législatives.Deux des éléphants du parti, qui représentent des sensibilités différentes au PS, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius, ont ainsi pris date pour la suite, plaçant le premier secrétaire François Hollande sur la sellette.
Et les jospinistes réclamaient "un nouveau dispositif" pour conduire la bataille des législatives.
C'est la troisième élection présidentielle consécutive perdue par le PS.
Selon les estimations des instituts de sondage, Ségolène Royal a recueilli entre 46,7 et 47% des voix. C'est un peu moins que Lionel Jospin en 1995, mais dans un contexte autrement plus favorable cette fois, avec une droite au pouvoir depuis cinq ans.
L'ancien ministre Dominique Strauss-Kahn, souvent qualifié de social-démocrate, a porté un jugement "sévère" sur "le fonctionnement du parti depuis cinq ans", en affirmant que le PS "n'avait pas su faire une gauche moderne".
Laurent Fabius, qui se situe à la gauche du parti, a pour sa part réclamé une gauche "qui n'hésite pas sur sa stratégie" lors des prochaines législatives.
Il faut, a-t-il ajouté, que cette campagne soit menée "collégialement", adressant une critique évidente à la candidate, accusée à de multiples reprises de faire sa campagne seule, sans se soucier de l'avis des dirigeants du PS.
"La victoire ne peut être que collective, la gauche, c'est le +nous+, ce n'est pas le +je+", a poursuivi M. Fabius.
Il a aussi formulé un jugement plutôt critique sur les appels au centre de Mme Royal. "Nous avons peut-être dérouté" les électeurs, a-t-il jugé.
Devant le Bureau national du PS, les jospinistes ont fait valoir que les élections législatives "ne sont pas le 3e tour de la présidentielle", ce qui a été compris par des participants comme une exigence que Mme Royal ne soit pas le commandant en chef de la bataille des législatives.
Daniel Vaillant a réclamé "un nouveau dispositif pour conduire cette campagne".
Dans son discours, Mme Royal n'a cependant pas manifesté la volonté de s'effacer.
"Quelque chose s'est levé qui ne s'arrêtera pas (...) J'assumerai la responsabilité qui m'incombe désormais, je continue avec vous", a-t-elle dit à ses électeurs.
"Nos valeurs finiront par triompher", a aussi déclaré Mme Royal devant les militants socialistes, au siège du PS.
"Si on n'avait pas fait des erreurs, on serait peut-être aujourd'hui en train de célébrer un succès. Il y a forcément là une leçon à tirer", a convenu pour sa part M. Hollande.
Mais "tous ceux qui ne veulent pas d'un Etat UMP doivent maintenant se mobiliser pour les élections législatives" et "l'urgence commande au rassemblement, à l'unité", a-t-il insisté.
"On a perdu une élection qu'on ne devait pas perdre", convenaient dans la soirée nombre de responsables socialistes.
"Après le référendum du 29 mai sur l'Europe et le CPE, la droite était les deux genoux à terre", a souligné Pascal Cherki (gauche du PS), adjoint au maire de Paris. "Le pays était contre le libéralisme et se retrouve aujourd'hui avec un président qui a un programme libéral", a-t-il ajouté.
"Quel gâchis!", estimait le député fabiusien Jean-Claude Pérez, rappelant que "depuis 2002, le PS avait gagné toutes les élections", régionales et européennes.
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